.Le désespoir risque de se transformer en colère

4 سبتمبر 2024آخر تحديث :
.Le désespoir risque de se transformer en colère

 

Chouaib Sahnoun
Le gouvernement Akhannouch, autrefois perçu comme porteur d’un renouveau prometteur, se trouve désormais englué dans une inertie préoccupante, particulièrement pour certains secteurs. Ce même gouvernement, qui avait suscité tant d’espoirs, semble s’être détaché des réalités quotidiennes des Marocains
Autrefois, un remaniement ministériel était un événement politique majeur qui suscitait des débats passionnés et une analyse approfondie des enjeux et des personnalités en lice. Aujourd’hui, il ne provoque plus qu’indifférence, signe d’une désillusion profonde qui s’est installée parmi la population. Cette indifférence, loin d’être un simple désintérêt passager, reflète un désenchantement amer qui s’est enraciné. Confrontés à une inflation galopante et à un chômage endémique, les Marocains ont cessé de croire en la capacité de leurs dirigeants à apporter les changements tant attendus. Le gouvernement Akhannouch fait face à un ressentiment croissant parmi les citoyens, un sentiment qui s’est intensifié au fil du temps, alors que les espoirs s’évanouissaient
La rentrée 2024 s’annonce sous des perspectives sombres. Malgré le satisfecit affiché par le gouvernement, les indicateurs économiques sont alarmants. Le tableau social actuel est, pour le moins, préoccupant : un taux de chômage de 13,7 %, qui grimpe à 17,1 % en milieu urbain, et touche particulièrement les jeunes diplômés (25 %) et les femmes (20 %). Le pouvoir d’achat, déjà érodé, se trouve réduit à une peau de chagrin par une inflation qui continue de grignoter les revenus des ménages. Les promesses de réformes et de création d’emplois se heurtent à la dure réalité d’une économie en souffrance, où les produits de première nécessité deviennent des luxes inaccessibles pour de nombreux Marocains. Si les prévisions gouvernementales estiment l’inflation à 2,1 % pour 2024, le vécu des Marocains est bien plus douloureux, avec des prix qui flambent et rendent inaccessibles des produits autrefois courants
Mais au-delà des chiffres, deux secteurs cruciaux, la Santé et l’Éducation, sont en crise. Des secteurs qui devraient être les fondations solides sur lesquelles repose toute société, mais qui, au Maroc, sont au bord de l’effondrement. Dans les hôpitaux, l’accès aux soins est devenu un véritable parcours du combattant, marqué par des infrastructures délabrées, un personnel médical sous pression et des délais d’attente interminables. Les grèves, bien que légitimes, viennent aggraver ce sentiment d’abandon, laissant les plus vulnérables dans une détresse profonde, voire mettant en danger la vie de certains patients
D’autre part, l’Éducation, qui devrait être un vecteur d’égalité des chances, est minée par des inégalités criantes entre les régions, des programmes scolaires obsolètes, et un corps enseignant à bout de souffle, désabusé par l’absence de réformes concrètes et les grèves répétitives. Ces deux piliers de la société marocaine, pourtant essentiels à son développement, semblent s’effondrer sous le poids des promesses non tenues, creusant un fossé toujours plus large entre les discours politiques et la réalité vécue par le peuple
Dans ce contexte, un remaniement ministériel, autrefois scruté avec espoir, ne provoque plus qu’une indifférence glaciale. Les Marocains ne croient plus en ces manœuvres politiques, perçues comme des gesticulations sans impact réel sur leur quotidien. Cette apathie est le symptôme d’une rupture profonde entre le gouvernement et le peuple, une rupture qui s’est creusée à mesure que les promesses non tenues s’accumulaient
Le projet de loi de finances pour 2025, récemment dévoilé, est censé apporter des réponses aux défis actuels. Mais il semble être une répétition des priorités passées  consolidation de l’État social, dynamisation de l’investissement, réformes structurelles et soutenabilité des finances publiques. Des priorités certes essentielles, mais qui manquent cruellement de vision et de profondeur. Ironiquement, ce gouvernement, qui se vante de sa légitimité électorale et de sa majorité parlementaire, semble ignorer les réformes les plus urgentes : lutte contre la corruption, réforme fiscale, régulation du secteur informel, et préparation à la concurrence internationale. Face à ces défis, la jeunesse marocaine, autrefois pleine d’espoir, se sent désormais délaissée, rêvant d’un avenir ailleurs, loin d’un pays qui ne semble plus lui offrir d’opportunités
Il est urgent que ce gouvernement prenne la pleine mesure de la gravité de la situation. La stabilisation des prix des denrées alimentaires doit devenir une priorité nationale, avec une surveillance renforcée des filières et des mécanismes de contrôle rigoureux pour prévenir les abus et protéger les plus vulnérables. L’augmentation des prix, notamment des produits de première nécessité, a atteint des niveaux insoutenables, forçant même les ménages de la classe moyenne à revoir drastiquement leurs habitudes de consommation
Face à ce sombre tableau, des mesures urgentes sont nécessaires pour redonner espoir aux Marocains. La révision des programmes d’aide sociale, l’allègement de la pression fiscale sur les classes moyennes, et la protection des terres agricoles menacées par l’urbanisation sauvage sont autant de pistes à explorer avec détermination. Il est également impératif de réorienter la politique agricole pour garantir une offre suffisante de produits à des prix abordables, en protégeant les ressources locales et en repensant les exportations pour privilégier le marché national
Le gouvernement Akhannouch, s’il souhaite réellement renouer avec les attentes des citoyens, doit prendre conscience de la gravité de la situation et agir en conséquence. L’heure n’est plus à la complaisance, mais à l’action concrète pour éviter que le désespoir ne se transforme en colère. Le gouvernement doit avoir le courage de s’attaquer aux monopoles qui étranglent le marché et imposent leur loi aux consommateurs. Il est temps de rétablir une véritable concurrence, seule capable de freiner l’inflation et de redonner espoir aux Marocains. Les défis sont immenses, mais les solutions existent. Encore faut-il que le gouvernement les mette en œuvre avec détermination et clairvoyance, afin de restaurer la confiance des citoyens et de préserver la paix sociale. Car au-delà des chiffres et des discours, c’est le quotidien des Marocains qui est en jeu, et avec lui, l’avenir même du pays
Il est également nécessaire de rappeler que le Maroc fait face à des défis d’une ampleur inédite. Parmi ceux-ci, l’organisation de la Coupe du Monde 2030 est un événement phare, une épreuve de grandeur pour le Royaume. Ce tournoi mondial, co-organisé avec d’autres pays, sera le moment de vérité où le Royaume devra prouver sa capacité à rivaliser avec les plus grandes puissances sportives et organisationnelles. La réussite de cet événement est cruciale non seulement pour le rayonnement international du pays, mais aussi pour sa cohésion sociale et économique. Le Maroc doit impérativement se préparer en relevant les défis liés à l’inflation, à la modernisation des infrastructures, à l’amélioration de l’accès aux services de base comme l’Éducation et la Santé, et à la mobilisation de tout le capital humain et logistique nécessaire. La Coupe du Monde 2030 n’est pas seulement un événement sportif, c’est une opportunité unique pour le Maroc de prouver sa résilience, son dynamisme et sa capacité à se transformer en une véritable plateforme d’excellence sur la scène mondiale

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